Je suis un jardinier du dimanche, mais aussi du samedi.
Pourquoi, dès lors, ai-je pu consacrer trois années à écrire Homo sapiens var. hortus ?
La première raison est que je n’y raconte ni mon expérience, ni mes connaissances : il s’agit de notes de lecture d’articles académiques, de l’ordre d’un petit millier, traitant lato sensu du jardinage d’un potager et rédigés par des auteurs autrement qualifiés que je ne le suis. Étant moi-même enseignant-chercheur, j’ai accès à cette littérature scientifique ; mais surtout, ma spécialité étant la statistique appliquée, cela m’a conduit à travailler avec des spécialistes de nombreuses disciplines et à apprendre à leur contact. J’espère, par conséquent, avoir saisi l’essentiel de ce que ces articles académiques exposent.
La deuxième raison est, et je l’expliquerai plus en détail dans une trop longue introduction, que les ouvrages pour le grand public consacrés au potager sont plus des méthodes, proposées soit par des professionnels, soit par des amateurs éclairés ; rarissimes sont ceux écrits par des agronomes, sans même parler de chercheurs en agronomie. Assurément, ce ne sont pas les livres expliquant comment s’y prendre qui font défaut, mais ceux expliquant pourquoi s’y prendre ainsi : et si, avec un autre sol, avec un autre climat, ou avec d’autres motivations, il ne vaudrait pas mieux s’y prendre tout autrement. Voilà donc pourquoi, je me suis finalement décidé à écrire le livre que j’aurais aimé lire, celui qui dirait le pourquoi plutôt que le comment. Ces explications sont déclinées, en dix chapitres, dans la partie « Potagérer ».
La troisième raison est que j’apprécie les concepts, les théories, les méthodologies pour recueillir des données de qualité, les formulations mathématiques permettant des quantifications précises (avec leurs marges d’erreur) et la prise de décisions plus étayées.
C’est là le style du projet : un ouvrage pour le petit public, pour les obsessionnels dans mon genre, il en faut pour tout le monde ! Personne, en tout cas, ne pourra regretter d’avoir acheté Homo sapiens var. hortus, puisqu’il est gratuit.
La quatrième raison est que j’aime cultiver des espèces (ou variétés) peu courantes. Or, si je prends l’exemple, volontairement banal, des aromatiques, un ouvrage de référence, bien utile par ailleurs, de Thorez et Lapouge-Déjean (2009), ne contient que trois-quatre pages à leur sujet. J’ai conséquemment ratissé la littérature académique et commis, dans la partie « Cabinet de curiosités », une trentaine de pages sur le thème. Même un jardinier aguerri pourra, à mon avis, y dénicher quelque information intéressante. Bien d’autres types de légumes (d’été, d’hiver, asiatiques ou zoubliés) y figurent également.
La dernière raison est que les bénéfices que procure le potager sont, ou très peu couverts, ou le sont sur un mode idéalisé. La partie « Potivations » décrit dans quelle mesure il est possible de tirer de l’activité potagère des bénéfices économiques ; mais aussi des bénéfices moins tangibles, en termes d’expression de soi, de santé, de socialisation ; et enfin, des bénéfices pour l’environnement.
Pour finir, il y a une partie « Une couille dans le potager » qui aborde des thèmes plus anecdotiques, en mettant les points sur le i et le j de jardin, par rapport à des discours, entendus dans un certain monde du jardinage, portant sur « Mère Nature » : ah son sens de l’équilibre ! ah sa prodigalité ! ah sa perfection ! ah sa bonté même ! Des discours, quasi-religieux, souvent tenus par des jardiniers et par des jardinières des villes. Je dois être trop athée de campagne : pour moi, la nature n’est ni bonne, ni mauvaise, ni bonne. Mieux connaître ses processus, à l’œuvre dans le potager, n’empêche en rien d’être sensible à la beauté, à la poésie, à la nostalgie qui s’en dégagent ; et de le partager avec Lolo, la femme que j’aime.
Ce travail a reçu le label IB (Intelligence Biologique) : il a été écrit sans recours à l’intelligence artificielle, à l’exception des corrections orthographiques et grammaterriennes. Les erreurs qu’il contient sont entièrement de mon fait.